Encore une fois , Mondher Kebaier n’a pas su faire la bonne approche ni trouver et apporter les bonnes réponses aux problèmes posés par un Burkina Faso qui a réussi à nous priver d’atteindre le dernier carré. Pas facile à digérer ni à oublier.
Nous avons eu raison, dans ces mêmes colonnes , d’attirer l’attention sur le fait important que le combat contre les Étalons du Burkina Faso avec leur bloc assez compact et étouffant et leur jeu hyper défensif et très athlétique qui laisse peu d’espaces et basé sur les contres très rapides et les remontées de terrain bien orchestrées et fort dangereuses, sera de très loin une bataille tactique plus dure et plus coriace que celle livrée en huitièmes de finale face aux Supers Eagles du Nigeria (qui ont un jeu plus technique , plus ouvert et moins agressif qui ne tue pas le spectacle et permet à l’adversaire de faire valoir ses qualités et son savoir-faire). Ça ne voulait pas dire qu’une victoire sur ces redoutables Burkinabés est inaccessible et impossible. Même si, en 1998 et en 2017, ils nous ont barré le chemin des demi- finales. Mais ils ont réussi ,encore une fois ,à nous éliminer en quarts et à confirmer, à nos dépens, le vieux précepte « jamais deux sans trois» . Ce n’est pas simple d’encaisser ce troisième revers dans une phase avancée de la compétition de la CAN surtout après l’embellie, la joie et l’ivresse populaires créées par le succès éclatant et l’exploit sublime devant le Nigeria.
La responsabilité du staff
Mondher Kebaier s’est précipité d’avouer qu’il assume seul la lourde responsabilité de cet échec pour défendre ses joueurs qui n’ont pas démérité par manque de talent, encore moins d’envie et d’appétit de gagner. C’est vrai que cet élan de solidarité est un geste que tout technicien doit faire après une défaite surtout quand elle est amère, mais force est aussi de dire que cet aveu de passage à côté de la plaque tactiquement est une réalité plus qu’un maquillage et une opération de saupoudrage. Dans un groupe, le premier artiste, l’élément- clé, c’est le coach qui attire la réussite. Quand son coaching n’est pas très brillant, pas assez pointu et intelligent pour faire la bonne approche d’un quart de finale d’envergure devant un adversaire pas très fabuleux, il ne peut que porter le lourd fardeau de ce rendez-vous manqué d’entrer dans la cour des grands . La mauvaise lecture tactique a commencé par la mauvaise entame de match. Avec 10 joueurs qui viennent à peine de se remettre du covid et qui sont loin d’être au top et de pouvoir tenir durant 90 minutes de jeu, il fallait entrer dans le vif du sujet et sceller le sort du match dès la première mi-temps pour ne pas avoir à souffrir durant la seconde où il n’y a pas assez de ressources physiques pour inverser une éventuelle tendance défavorable, revenir au score et reprendre l’avantage. Le dispositif installé au départ, avec une défense à quatre et un milieu à trois, était tout le contraire de ce qu’il fallait faire. Ça a marché contre le Nigeria, une équipe qui fait le jeu, une équipe qui se projette vers l’avant, une équipe d’attaque. Ça n’a pas marché et ça ne pouvait pas marcher devant une équipe du Burkina Faso bien recroquevillée derrière, très solide, sereine et quadrillant bien sa zone de vérité et qui procède par contres astucieux avec des attaquants, contrairement à la Gambie, bons finisseurs. Il fallait, d’emblée, un bloc positionné haut avec une défense à trois et un milieu à cinq où les latéraux sont plus portés vers le travail offensif, le blocage des couloirs adverses et l’étirement au maximum du jeu pour contourner la toile d’araignée défensive burkinabé et multiplier les fissures et les failles dans son béton. Préférer Haddadi, dans le registre d’arrière plus que d’excentré et d’attaquant de plus qui fait le surnombre, à un Mâaloul plus fougueux et plus audacieux devant, était une erreur stratégique qui va s’avérer fatale surtout que sur le flanc droit , Mohamed Drager, émoussé, n’avait pas le potentiel physique pour accentuer la fréquence de ses montées ni la lucidité nécessaire pour bien se concentrer et bien ajuster ses remises de passe et ses centres. On a donc eu droit à une défense plate, aux ailes coupées, une ligne de destruction sans aucun plus au niveau de la construction. Et ça, c’est un lourd handicap qui ne peut pas nous faire gagner un match mais qui nous l’a fait plutôt perdre. Deuxième erreur de taille : la non incorporation de Naim Sliti dès le coup d’envoi et le fait de l’avoir laissé comme joker en cours de jeu. Avec un milieu à trois, Skhiri- Laidouni- Ben Slimane, un trio de récupérateurs plus que de créateurs, on a manqué d’ imagination ,de puissance , de vitesse , d’intensité dans la transmission rapide de balle et on n’a pas réussi la bonne transition défense-attaque. Il n’y a pas eu ce relais, cette station d’approvisionnement en nombreux ballons pour le trio de pointe Msakni – Khazri – Jaziri qui s’est trouvé bien isolé et a été facilement neutralisé et mis sous l’éteignoir. Avec peu d’occasions de but, l’absence de la dernière passe décisive, même à onze contre dix, ils n’ont pu remettre les pendules à l’heure. Bien entendu, on peut faire tous les griefs à l’arbitre Bondo qui nous a beaucoup lésés avec le but litigieux validé, le penalty qu’il n’a pas accordé à Wahbi Khazri et qui aurait changé le destin de ce match, mais nous devons avouer que, encore une fois, la gestion tactique défaillante nous a coûté plus que la perte rattrapable d’un match mais une élimination injuste et un retour au bercail prématuré qui a brisé le beau rêve d’aller le plus loin possible dans cette CAN.
crédit photo : © Mokhtar HMIMA